• Séjour Haute Clarée

    Sur les traces du Lagopède alpin

    C'est à la demande d'une amie, Sarah, que je programmais un séjour raquette dans la magnifique vallée de la Clarée, commune de Névache.

     

    Ma sédentarité à Freissinières, mon attachement intéressé auprès des 5 Saisons ne m'ont pas toujours permis d'aller voir d'autres horizons. En avais-je d'ailleurs vraiment envie ? Certains y trouveront à redire, bien sûr, mais si belle soit la vallée de la Clarée, celle de Freissinières la surpasse, évidement ! ;-)

     

    Pourtant, la Clarée ne manque pas d'arguments. Et pour commencer, ses dimensions, longue de 25 km à vol d'oiseau, quand celle de Freissinières n'en affiche que 17. Forcément, avec cet espace en plus, les milieux sont encore plus variés, les forêts plus nombreuses, quand aux lacs ...  en existe-il un inventaire exhaustif ?

     

    Et puis sa rivière, elle porte magnifiquement son nom, claire et limpide, troublée parfois par le plongeon d'un merle d'eau ou quelques rutilantes cascades. Quoique moins spectaculaires que celles de la haute vallée de la Biaysse, elles n'en sont pas moins  enchanteresses. La Clarée sait aussi parfois rivaliser avec le charme tranquille du délicat torrent de Tramouillon.

    Séjour Haute ClaréeSéjour Haute Clarée

     

     

     

     

     

     

    Mais à mon goût, ce qui par dessus tout fait le charme de cette vallée et plus particulièrement de la haute vallée, ce sont ses forêts clairsemées de Pins cembro et de Mélèzes sur fond de cirques glaciaires et de sommets escarpés. Quand vous êtes au-delà de Fontcouverte, les Arolles, partout s'accrochent, et ils ont fière allure, parce que beaucoup sont d'âge vénérable. Suspendus en chapelets  sur des bouts de falaises, ils sont recouverts d'un épais manteau d'un tendre vert sombre, aux longues aiguilles souples groupées en bouquets denses aux extrémités des rameaux.

    Et lorsqu'en hiver la neige s'accroche à leur branche, on se croirait devant la vitrine d'un joaillier parisien aux fêtes de Noël. Et quand vous êtes aux prémices de l'été alpin et qu'à leurs pieds se déroule le tapis rose des rhododendrons, on se croirait devant le terre-plein d'un sens giratoire entretenu par un jardinier maniaque.

    Pin cembro

    On ne peut pas rester insensible à ce que dégagent ces Pins cembro. Il y a quelque chose d'à la fois authentique et de  mythique, l'impression que derrière chaque arbre se cache un individu relique d'une mégafaune disparue et les souvenirs des premiers néandertaliens sur leur piste.

    Et puis il y a sa faune sauvage qui a su être un minimum préservée. Quelques bouquetins, sur le massif des Cerces, les incontournables chamois, ces populations connues de Lagopède alpin, plusieurs couples d'aigles royaux ...

    Le succès de cette vallée réside aussi dans son organisation topographique. Tout au fond prend naissance un glacier qui s'écoule lentement vers Névache et Briançon. Au fur et à mesure de son avancé il creuse la vallée. Si bien que l'accès aux vallons secondaires doit se faire par l'ascension d'un gradin de plus en plus important quand on se rapproche de Névache. Aussitôt ce gradin franchit, au-dessus des derniers arbres, vous arrivez systématiquement dans un cirque glaciaire où les lacs abondent. Là, les vallons s’élargissent, la lumière éclabousse et la pente reste douce voire nulle, jusqu'au pied des divers cols, crêtes, ou des fascinantes parois verticales des sommets du massif des Cerces.

    Comme il est alors facile de randonner, de sillonner, de s'émerveiller. Et en raquettes, c'est magique ! Libéré de la contrainte du sentier, vous allez où bon vous semble, déambulez au gré de vos impulsions émotionnelles.

    Le séjour approche avec un petit groupe de 3 personnes, très féminin : Sarah, Marie, Florence. C'est rageant, après environ 3 trois mois de soleil radieux, voilà que lorsque les semaines où vous avez projeté votre randonnée, le mauvais temps s'abat ! Enfin, au moins, nous aurons de la neige.

    Et de la neige nous en avons eu. La raquette à neige n'a de satisfaction que lorsqu'elle est profondément submergée !

    Oui, nous en avons eu pour toute la semaine à faire notre trace jour après jour. Quoi que physique, ouvrir la voie est quelque chose de grisant. L'étendue vierge devant vous, le plaisir de fouler cette neige que personne n'a encore touché, être les premiers, être libéré de toute tentation de suivre un itinéraire déjà tracé, savoir déjouer les pièges de la neige quand la pente se redresse. Vous êtes seul maître.

     

    Mais le mauvais temps aura tout de même entaché notre séjour. Ce n'est pas tant la neige qui quelques fois tombait en petits flocons, le vent qui jamais ne cesse de vous refroidir, mais plutôt le brouillard qui vous a trop souvent occulté la vue. Il a été parfois si épais, qu'il nous faisait littéralement tourner en rond. On n'y voyait pas à 50 m. !

    Tous les jours étaient jour blanc, impossible de déceler le moindre relief. Nous le devinions à la pointe de nos raquettes : quand soudain, le pied butte sur quelque chose, c'est que vous êtes au pied du mur. Et quand vous visez la bas de la pente et que tout à coup vous chutez de 2,50 m., c'est que vous étiez au sommet d'une gigantesque congère !

    Bon, je ne vais pas vous parler des lacs gelés et des beaux paysages, disons-le tout simplement, on n'a pas vu grand chose. Inutile donc de lever la tête et chercher l'aigle tournoyant, marchons tête basse, concentrons-nous et sachons trouver notre chemin.

    Cependant, nous avons fait quelques belles observations naturalistes. En voici l'inventaire : Bouquetins, Chamois, Renard, Lièvre variable, Lagopède alpin, Cassenoix moucheté. Toutes celles-ci dans excellentes conditions, tranquillement, jumelles en main, et non furtivement ou bien "le petit point sombre là-bas au loin ". À ces observations nous pouvons rajouter l'Aigle royal, divers mésanges, le Cincle plongeur et quelques grives litorne, sans oublier le chien du refuge. Je n'ai pas tenu de liste, mais il doit y avoir le compte.

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    Tout de même, n'oubliez pas que nous sommes dans les Alpes du sud, et comme d'habitude, le soleil finit toujours par triompher. Quel plaisir, ce dernier jour, de voir enfin le paysage et ses montagnes. Merveilleuse journée, ... merveilleuses journées, merveilleuse semaine !

    Merci les filles !

     

    Le reste en photos :

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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